mardi 11 mai 2010

Interview d'une spécialiste en virologie marine

Interview d'Hélène Montanié dans le cadre d'un projet personnel.

  • Avez vous un projet en particulier en ce moment dans le domaine de la virologie ?

    J'étudie le rôle des virus dans le fonctionnement du réseau microbien marin, vis à vis des bactéries et l'impact que cela à sur les interactions avec les prédateurs. Je fais aussi des études au niveau des sédiments, principalement le couplage sédiments/colonnes d'eau. La Rochelle permet cette étude grâce aux marées qui découvre les sédiments à chaque fois.

  • Est ce qu'avec l'augmentation de la pollution marine, vous constatez une augmentation significative des virus ?

    Il y a deux types de pollution : la pollution organique et la pollution chimique par les pesticides par exemple.

    Concernant la pollution marine, on observe que dans les milieux riches en matières organiques, il y a plus de virus.

    Pour la pollution chimique, les résultats sont plus fluctuant, en effet, il existe des espèces de virus qui évoluent encore mieux dans un milieu soumis à de la pollution marine comme les hydrocarbures.


  • Pourquoi la virologie marine en particulier ?

    Car j'ai toujours aimé le domaine marin. Au début je voulais me diriger vers les études sur la qualité de l'eau et les pathologies. Arrivé à La Rochelle, mes recherches se sont orientés vers la virologie marine et en particulier l'écologie virale . J'ai fait ma thèse sur un sujet en rapport avec les virus de crustacés.


  • Comme la grippe H5N1 pour les humains, y'a t-il un virus qui pourrait disséminer une ou plusieurs espèces marines d'ici peu de temps ?

    Il y a des virus connus pour disséminer des espèces, mais on en découvre tout le temps. Par exemple, pour l'huître, l'Iridovirus qui a tué une grande partie des huitres dans les années 70.

    Aujourd'hui, les craintes pour les huitres sont plutôt l'herpès de l'huitre, mortelle pour les naissains d'huitre.


  • Travaillez vous en partenariat avec de grandes firmes pharmaceutique ?

    Non, pas du tout. Mes recherches ne concernent que les animaux marines. Certains de mes confrères peuvent avoir des applications de leurs recherches sur l'homme. Par exemple, ils peuvent se servir d'une substances marines et voir son effet sur des cultures de cellules humaines.


  • Les applications de vos recherches sont elles strictement marines ou y'a t-il plus ou moins de répercussions sur l'homme ?

    Non, les applications de mes recherches n'ont pas de répercussions sur l'homme. Je m'occupe juste de l'impact qu'ont les virus dans le réseau trophique.


  • Étant virologue, que pensez vous de la grippe ?

    C'est un virus qui n'est pas stable dans le temps. Les spicules H ( Haemaglutinine ) et N ( Neuraminidase ) mutent très souvent, d'où de nombreuses souches comme H1N1, H5N1. C'est là que réside le danger. Un virus peut se recombiner entre plusieurs souches au sein de la cellule, ce qui donne l'émergence de nouvelles souches.

  • De la grippe H1N1 en particulier et de l'épidémie de cet hiver ? Est ce que pour vous, elle a été bien gérée ?

    La grippe H1N1 a été plus mortelle dans d'autres pays. En France, beaucoup de gens ont été vaccinés, cela à sûrement aidé à enrayer l'épidémie. Si l'État avait été plus laxiste, comme cela a été le cas auparavant, on lui aurait reproché.


  • Pourquoi les gens ont peur du vaccin ?

    Parce que, déjà, il y a des gens qui ne se vaccinent pas ou très peu, même avec les autres vaccins. Alors ces personnes sont contre le vaccin. Puis la population a eu peur des adjuvants, ce sont des molécules que l'on ajoute dans les vaccins et qui peuvent déclencher des allergies chez certaines personnes.

  • Faut-il alors vraiment mieux se vacciner ?

    Oui, car la grippe reste une maladie qui peut être mortelle. Et elle peut tuer de plusieurs manière. Par exemple, elle peut affaiblir une personne âgée qui peut alors développer d'autres maladies qui à terme menent à la mort. Ou alors, un autre exemple, certaines personnes sont allergiques à la pénicilline, à l'aspirine ou même à l'efferalgan, qui sont des médicaments préconisé pour soigné la grippe.

    Le vaccin reste moins dangereux que la grippe évidement.


  • Avez vous un avis sur le virus H5N1 attendu pour l'homme dans quelques années ?

    C'est un peu le même problème que le H1N1, tout nouveau virus de la grippe ( donc pas d'immunité préalable chez l'Homme ) est dangereux. Cela fait 4 ans que l'on en parle et de très rares foyers ont été observés, tous enrayés.


  • J'ai vu que vous collaboriez avec d'autres université d'Europe, dans quels mesure s'effectue cette collaboration ?

    Je fais parti du réseau RAVAGE ( (Réseau français des virologues aquatiques, de la génomique à l'écologie ), qui regroupe des virologues du domaine aquatiques ( mer et lac ), nous nous voyons régulièrement pour faire des séminaires et se tenir au courant des dernières découvertes des uns et des autres.

    Je travaille également avec un laboratoire de Barcelone qui est à la pointe dans le domaine de l'écologie microbienne.


Je remercie Mme Hélène Montanié pour le temps qu'elle a bien voulu m'accorder.



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